La Mauritanie |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Envoi
: Mail 4 |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() ![]() ![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
De Boujdour à Dakhla,
j'ai 2 jours pour faire 355 kilometres et être à l'heure pour le convoi militaire
qui part vendredi. Le site de leur tour du monde se trouve à l'adresse : www.tu2000.com |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
L'hôtel est blindé,
mais ils me font de la place. |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le
convoi durera deux jours pour quelques 300 kilomètres. Des voitures s'enlisent.
Il ne s'agit pas de s'écarter de la piste pour aller pisser, de récentes carcasses
de voitures calcinées témoignent de la présence de mines des deux côtés de la
route. Au poste frontière de Bir Guendouz, à 80 kilomêtres de Nouadhibou, j'obtiens du commandant de charger mon vélo sur la jeep des militaires. La majorité des voitures filent en effet directement sur Nouakchott par la route de la plage, une route impraticable pour les vélos à cause des marées et du risque d'ensablement. Je n'ai aucune envie de traverser la Mauritanie sur le toit d'une jeep, je compte m'enfoncer dans les terres grâce au train minéralier de Zouérate. |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Je
quitte mes belges qui filent sur Nouakchott. Le commandant démarre.Notre voiture
quitte la piste pour s'enfoncer dans les dunes. La suite est un long cauchemar. Ne plus jamais rouler avec un militaire mauritanien fanatique du Paris-Dakar. Je vois l'aiguille du compteur qui s'emballe, 90,100,110,120. Ce type est malade, mon vélo fait des sauts de carpe, je ferme les yeux. La voiture semble ne jamais devoir ralentir, le kamikaze fanatique avale tous les obstacles pour finir par exploser le pneu avant droit sur un rocher un peu trop coriace. Il le change et redémarre en trombe. Nouadhibou. Je suis en Mauritanie. La première chose qu'on remarque, c'est la population noire, absente au Maroc. Je fête ma troisième frontière dans un petit restau sénégalais. Le matin, 4 militaires m'aident à hisser à bout de bras les 60 kilos de mon vélo dans les cuves vides du train minéralier. Ce train est indescriptible, le voyage, gratuit, le sera aussi. C'est le plus lourd, le plus long et le plus lent train au monde. Je partage ma cuve avec 4 hommes. Ils sortent une poignée de charbon et m'invitent à boire mon premier thé mauritanien. Le désert défile. |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Je
m'enfonce en Mauritanie, perpendiculairement à la côte. Le soleil se couche, j'étends mon duvet sur le sol. Je suis couvert de la tête aux pieds d'une poussière grise que crache les 2 kilomètres de wagons. Allongé sur le dos, je scrute les étoiles qui commencent à percer le ciel. Plus aucune lumière. C'est mon premier vrai ciel de désert. A 1h30 du matin, le train s'arrête. Choum. Je balance vélo et sacoches. |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Je suis seul, aucune
lumière n'éclaire le petit village. |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le thermomêtre monte, je bois trop. La nuit je m'effondre derrière une dune. Au matin, mes bidons sont presque vides, j'ai bu comme un chameau pendant la nuit. Je commence à stresser. |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Vers
15h, je n'ai plus qu'un demi litre. J'aperçois une petite cabane et une maison
en foin. Je m'approche. Des femmes en sortent en criant, me montrant leurs yeux rouge sang. La majorité de la famille a les yeux tués par le soleil, le vent et le sable. Eux ont un puits et moi j'ai 3,5 kilos de médicaments. On va bien s'entendre. Je distribue mes collyres, le doyen m'invite pour le thé. Je ne repartirai que le lendemain. Ses gestes sont incroyables, il fait mousser les verres pendant dix bonnes minutes. Je suis dans une famille de bergers. Le seul aliment est un plat de riz collant au sable dans lequel on plonge la main jusqu'à former une petite boulette. Le fils me tend un récipient qui contient une sorte d'eau savonneuse, j'y plonge mécaniquement les mains et commence à me les laver. Une seconde de silence puis la famille s'étrangle brutalement de rire. C'est en fait du lait de chamelle, coupé avec de l'eau sucrée. A la réflexion c'est pas mauvais du tout et pis ça a l'air riche en protéines avec les mouches qui flottent. |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() ![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
![]() |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() ![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
A 20 kilomêtres d'Atar,
un village |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Chez lui, une tribu de jeunes filles vont nous tenir compagnie pendant cette
semaine. Ces rencontres laisseront des traces et imprimera un tournant décisif
dans ma vision du monde arabe dans lequel je baigne depuis un mois et demi. Jusqu'à présent tous mes rapports étaient en effet avec des hommes. Et la vie que mêne l'autre moitié est autrement plus dure à regarder. Un soir, sous la tente familiale (tous les mauritaniens ont une tente dans leur jardin dans laquelle ils passent plus de temps qu'entre leurs murs, habitude de nomades) Sid-Ahmed aura cette phrase qui cristallisera ce que nous constatons depuis longtemps : "Je n'ai pas vu d'Amour en Mauritanie". Le Ramadam a commencé, les repas se prennent à minuit ou 1H du matin. Quand les hommes ne trainent pas dans les environs, les filles retournent les jerricans, entament des rythmes endiablés de tam-tam, chantent et dansent avec nous. Les barrières tombent, il n'est plus question de mettre un objet entre le corps d'un garçon et d'une fille assis côte à côte, certaines se hasardent à nous toucher les cheveux, elles fument, se lâchent, font peur aux quelques garçons présents qui condamnent tous leur feminité et leur joie de vivre. Puis un flic revient, tout rentre dans l'ordre, les voiles ressortent et le tam-tam cesse. Je quitte Sid-Ahmed et sa tribu avec regret, Claude m'accompagne jusqu'à Tergit, bon retour à toi mon ami et à la prochaine à Genêve. Sur la route de Nouakchott, une famille de chameliers m'invite à passer la nuit sous leur tente. Ils se mettent en tête de me convertir, me rebaptisent Ahmed Tayyb, je récite la profession de foi coranique. La lune est pleine et éclaire le sable blanc, je déambule entre les tentes, un vieux me fait réciter "Euchadou ella ilaha ilalla ou euchadou eneu Mohamedeun rassoul allah". Ca peut toujours servir. Il est heureux. Il ira au paradis. Il me parle du monde visible et du monde invisible, du paradis et du diable. |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ce
campement de 400 tentes à 80 kilomètres de Nouakchott est dans une impasse.
Ils n'ont pas d'eau pour vivre et qu'une voiture pour le ravitaillement à la
capitale. Ils m'implorent de contacter une ONG française pour installer des citernes et mettre en place d'urgence un service de ravitaillement en eau. Leur campement est en train de mourir. Je suffoque. L'Afrique commence a me vider, la vie, la bouffe, la chaleur, les derniers kilomêtres avant Nouakchott sont indescriptibles, brusquement je n'ai plus de force, mes jambes refusent de pédaler, le thermomêtre affiche 50 degrés, j'ai des envies de mer, envie de fuir, et je m'effondre à Nouakchott. |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() ![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
![]() |
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |